Au royaume de la chaleur

l_vres_chantilly.jpgVI – Tribulations rituelles  

 

L’après-midi entame sa fin. La lumière si forte se décline peu à peu, rougissant l’intérieur de l’appartement… un cocon à tendance médiévale. Les ombres dansent à chaque minute, elles vivent, s’agitent, se grandissent. Un voile légèrement sombre envahit graduellement la pièce. Seuls, où virevoltent des nuages de fumée, les rays rougeâtres et de moins en moins lumineux, transpercent  les rideaux de velours épais.   

Très long, fait d’ivoire, le fume-cigarettes a en son bout la lueur incandescente du tabac qui brûle. Une cendre tombe au sol… une seconde s’écrase sur le plancher. Des lèvres tirent  sur l’embout, éclairant ainsi un visage calme et serein. Seule, la bouche est en mouvement, le reste du corps est figé comme peint dans un décor flou et inhabituel.   

La cigarette arrive à son filtre et se retrouve dans le cendrier sur la table basse. A son côté, un verre vide… le rituel d’arrivée de Monsieur, son jus de fruits frais… oranges, pamplemousse et citron vert,  pressé de ma main et bu dans le quart d’heure pour profiter au mieux des vitamines.   

Monsieur contemple la pièce. Un autre rituel… ses consignes parvenues par mail, la veille, étaient simples. Et comme toujours je les ai suivis à la lettre. Vêtue d’un voile de mousseline noire sur ma peau blanchâtre, accompagnée uniquement de chaussures à hauts talons et de deux pics en argent qui tiennent ma crinière en un chignon net et sage, je suis assise près à terre sur un pouf de cuir. Immobile, je suis en attente de Monsieur. Je devine son sourire dans l’ombre. Une flamme découvre son visage, quand il enflamme la mèche de la bougie sise à sa droite. Son regard est pétillant. J’aime voir cette lueur dans ses pupilles, une lueur emplit d’éclats… d’éclats de sentiments, de sensations si diverses, si imposantes, si mystérieuses…  Que pense-t-il à cet instant ? Quel reflet, à part celui de mon âme, puis-je voir ?  

Il est dans mon dos. 

Quand la réalité bascule dans la sensation réelle et irréelle… 

Important rituel du commencement… l’offrande de ma chevelure volumineuse. 

Monsieur en extirpant les pics en argent, défait mes cheveux. Ils tombent en cascade sur mes épaules découvertes. Il les soulève dans ses mains en les faisant sauter légèrement, comme pour les démêler. Il aime jouer avec ma crinière, entrer ses doigts longuement entre les mèches. La prendre fortement dans sa main… tirer dessus pour me faire basculer la tête à son envie… pour coincer mon regard qui veut se détourner… pour mieux m’obliger à affronter ses yeux… à offrir ma bouche, mes lèvres… à simplement me tenir près de lui, contre lui. A juste m’effleurer pour que je me perde… que je fonde dans une aspiration d’envie… à l’honorer, j’en suis tremblante. Des frissons me parcourent l’épiderme. Je suis à fleur de peau et ma respiration se raccourcit. Sa voix me parle, elle chuchote à mon oreille, pendant que ses mains nouent dans un rituel vaporeux, un foulard de soie sur mes yeux. J’entends mon cœur taper ma poitrine. Sa bouche si près de mon visage, j’ai tant envie qu’elle s’écrase sur mes lèvres… que sa langue fouille l’antre de mes papilles. Je me languis en imperceptibles gémissements. Monsieur le sait et joue avec. Son souffle glisse sur ma face tendue, il couvre ma bouche qui s’entrouvre de désirs. A ce moment là, j’ai envie de forcer le destin… de me précipiter sur lui, et de l’embrasser fougueusement. Malheureusement, voler un baiser, ne peut que m’apporter une punition. La punition que malgré son et mon envie, qu’il ne me permette pas de le toucher, de caresser sa douce peau. Je glisse, en aveugle, doucement, vers le sol, me mets à genoux et… le supplier de m’embrasser…le cou étiré vers le haut, la bouche tendue vers lui. Une position d’offrande… c’est à cette seule condition, que je peux espérer assouvir cette attente, ce plaisir. Il s’exécute… en saisissant mon menton dans sa main droite et ancre ses doigts dans les cheveux, les tenant fermement. Huuumm, mes sens s’engorgent de délices… Relâchant mon menton, sa main stimule ma peau, émoustille mes bouts de seins déjà gonflés de l’attente de ses doigts. Il les roulotte entre les phalanges du majeur et de l’annulaire, les étire longuement pour y poser des bijoux d’or et de cristal. Le cristal absorbe la lumière de la bougie et reflète des myriades de lueurs sur ma peau qui s’éclaire de taches de vie et de

rousseur. Monsieur m’en parle, il  me compare à une galaxie peuplée d’étoiles… avec deux planètes, deux terres, mes monts ronds aux tétons si longs.  

Je sens une étreinte sous ma gorge. Sa large main l’empoigne gentiment et la tire… l’attire vers une caresse.   

Ma langue sort de sa tanière. Elle pointe en direction d’une chaleur perceptible... lape le bout de son gland si lisse et en dépose une chatterie sensuelle. Ma bouche taquine cette verge, raide comme une matraque. Je masse avec l’intérieur de mes joues, ce morceau de chair qui vibre. Mes lèvres titillent les deux bourses si gonflées. Elles les aspirent, puis les rejettent hors de l’humide antre. Elles les embrassent, s’amusent avec pour les durcir encore plus… toujours plus. Puis je remonte vers le pieu, cette tour Eiffel si haute et fière. Monsieur, ses mains sur ma tête me guide dans les allers-retours buccaux. Ses doigts s’enfoncent dans mes cheveux. Le méat bute sur ma glotte, ma luette. J’engloutis cette hampe droite et dure. Je jongle avec mes possibilités. Au dépit de Monsieur, j’accélère le mouvement. Je gère son plaisir, sa volupté… ses râles dans le frissonnement de sa chair. Cumshots, bukkake… des giclées de bonheur éclaboussent mon visage, dégoulinent de ma bouche. Monsieur se penche, m’embrasse impétueusement. Il me lèche méticuleusement le visage. Une douceur dans le geste, dans le mouvement... et ses mains errent sur mon corps.   

«  Ma douce soumise espiègle… tu vas connaître une punition… et tu le sais ! » articule-t-il avec froideur.  Oui, je le sais, ce n’était pas à moi de gérer sa jouissance, mais cela était trop tentant… trop tentant de prendre le dessus ces quelques minutes.   

«  Lèves-toi… mains sur la tête ! Cambres-toi plus, sors moi ses seins lourds ! Ecartes les jambes ! Baisses ton torse… encore… encore que je vois tes seins ornés de bijoux, se balancer au gré de… ta punition ! » susurre-t-il en m’offrant sa main pour m’aider à me relever.   

Monsieur relève légèrement le voile qui cache à peine mon fessier. Ses mains flattent ma croupe offerte. Un doigt longe mon sillon. Il glisse de haut en bas et de bas en haut, pendant quelques instants. Je suis fébrile. A chaque changement de mouvements, je sursaute machinalement. Je m’attends à une punition et je reçois des caresses… Que manigance Monsieur ? Ces douceurs stoppent brutalement. Des bruits me font tourner la tête, mais je ne peux en définir l’origine. Mes sens sont en éveil.  Mais la vue me manque terriblement à cet instant.   

Un main pèse sur mes reins, m’obligeant à me cambrer encore plus. Je ne peux m’empêcher de lâcher un cri. Des chaleurs piquantes, cinglantes s’abattent sur mon postérieur. Elles sont multiples.   

«  Et d’un ! Pour avoir oser défier mon choix… Et de deux ! Pour avoir jouer avec moi… » dit-il très calmement, alors que les lanières du martinet zèbrent mes lunes. Je connais cette voix de contentement quand il voit mes deux monts ronds se marquer de fins traits rouges. Il continue… trois, quatre, cinq… et à chaque fois, l’explication accompagne l’action.   

Chaque coup, appliqué avec dextérité, m’émoustille encore plus. Je transpire. Des gouttes s’infiltrent dans le foulard et me noient mes yeux bandés. D’un seul coup, cela s’arrête.   

Les mains fraîches de Monsieur massent mon cul. Une froideur humide me fait sursauter. Des glaçons… il frotte des cubes de froid sur la chaleur que laisse le martinet. Alternant caresses de ses mains et celles des glaçons, il profite de ma position avenante pour descendre sur mon triangle de bronze, ma vulve. Son pouce pénètre mon vagin trempé et d’un seul coup… y plante un glaçon. Le choc me fait tressaillir, mon corps s’arque vivement. Une forte chair de poule envahit mon épiderme. Mon vagin veut rejeter ce morceau d’eau dure, mais Monsieur plaque sa main empêchant sa sortie. Il pince en même temps mes petites lèvres en les étirant. Son pouce appuie sur mon bouton, ma perle lubrifiée par ma cyprine. Il le tourne… en rond. Son autre main malaxe mon sein gauche. Ses lèvres se posent sur mon dos et en mordillent les chairs. Monsieur sait la portée des ses actes. Ils sont calculés. 

Je me sens dans un état second. Je ne peux réfléchir. Je me laisse aller dans une plénitude qui commence à m’envahir. Mon corps s’embrase. Une boule dans mon ventre monte. Dans son sillage, de multitudes de pics, de pression comme de petits feux d’artifice… inondent mon intérieur. Ma pensée est perdue dans les délices de plaisirs. Mon halètement rauque incite Monsieur à accélérer la masturbation de mon bouton. Et il se gave de mes cris infinis qui résonnent dans notre cocon…

«  Ma salope à moi ! Ma douce, ma tendre salope ! » se plait-t-il à répéter d’une voix chaleureuse.    

Oui, Monsieur… un autre rituel… dans ce journal, écrit de ma main, avec ma plus belle plume, celle faite d’encre noire…je note mes sensations, mes sentiments…  

 

Monsieur, que toutes les étoiles de notre voûte garnissent nos pensées, nos attentes, nos envies… à l’infini sur notre chemin méandreux mais si savoureux.   

 

À suivre… VII - Tribulations actuelles…   

 

 

Sam 1 jan 2000 Aucun commentaire